Cela fait des années que je jardine ailleurs. Je vis à Vienne en Autriche depuis près de 25 ans et j’ai quitté la France à la fin de mes études. A cette époque, le jardinage était le dernier de mes soucis et la tendance du “urban gardening” n’était pas encore née. Comment en suis-je donc arrivée là ? Le fait de vivre ailleurs a-t-il contribué à ma passion du balcon-jardinage ? Mon histoire a-t-elle influencé ma façon de jardiner ? Jardine-t-on autrement ailleurs ? Que de questions sur lesquelles je vais me pencher dans la suite de cet article…

Une fois n’est pas coutume et je quitte pour le temps d’un article les aspects pratiques du balcon-jardinage pour quelques réflexions philosophiques. Comme je l’ai souvent évoqué sur ce blog, jardiner représente bien plus que de placer quelques pots de fleurs sur la rambarde de son balcon. C’est un art de vivre, oui presque une philosophie justement. Ainsi, lorsque l’occasion s’est présentée, c’est avec plaisir que j’ai répondu à l’appel de ce carnaval d’articles. Cet article participe donc à l’évènement inter-blogueurs “Comment le fait de vivre dans un autre pays que le sien a-t-il impacté votre vie ?” organisé par Machiko et Laurent du Blog : apprendrelejaponais-decouvrirlejapon.

A l’étranger, bye, bye confort

Une chose est certaine : rien de tel qu’un long séjour à l’étranger pour quitter sa zone de confort. Il existe certainement des régions plus exotiques que l’Europe Centrale mais il est étonnant de constater que même au cœur de l’Europe, vous pouvez perdre facilement vos repères.

Car c’est de cela qu’il s’agit quand on vit à l’étranger. Toute ces choses de la vie quotidienne qui vous semblaient anodines deviennent un peu plus compliquées. Par exemple, on ne trouve pas toujours les marques bien connues qui nous servaient d’orientation … Auxquelles puis-je faire confiance pour mes graines, terreau, outils ? Finis les achats les yeux fermés, il va falloir tester par soi-même. En France, j’aurais simplement demandé conseils aux jardiniers expérimentés autour de moi (mes parents sont des jardiniers passionnés). Mais là, à l’étranger, je n’avais pas forcément de jardinier sous la main parmi mes nouveaux amis. Alors, ce fut une (bonne) occasion d’expérimenter, de se faire son propre avis et d’apprendre par soi-même.

Chaque effort et chaque “petite victoire” nous fait avancer un peu plus et nous donne un peu plus de courage et d’assurance. Voilà une belle similitude avec le jardinage : on commence petit et on essuie des échecs. Mais quelle joie de récolter la première (la seule peut-être) tomate mûrie au soleil de son balcon-jardin ! Il n’y en pas de meilleures…

Jardiner ailleurs sur son balcon

Il y a quelque chose de paradoxal dans le fait de jardiner ailleurs. Le jardin (surtout s’il est petit comme un balcon-jardin) n’est-il pas le symbole même d’un manque d’ouverture au monde, d’une certaine étroitesse d’esprit ? Peu m’importe ce qui se passe au-delà de mon jardin, pourvu que mes fleurs soient les plus belles !

C’est vrai, jardiner nous permet de nous ancrer, de “retourner à la terre” pour utiliser de grands mots. Quand on vit à l’étranger, on se sent parfois un peu “déraciné”. Quel bonheur donc de retrouver un petit espace à soi, que l’on peut façonner à son goût et voir prospérer jour après jour. Pour ainsi dire, un peu de douceur dans un monde de brutes… Chacun de nous a besoin d’un endroit pour se ressourcer, pour se sentir chez soi. C’est peut-être cela qui m’a poussée à cultiver mon balcon-jardin. Créer un balcon-jardin peut nous aider à assouvir ce besoin fondamental, même dans un nouveau “chez-soi”. Jardiner a d’ailleurs bien des avantages comme vous pouvez le voir aussi dans cet article.

Par ailleurs, depuis quelques années, même cette activité “terre à terre” a évolué et s’est ouverte au monde. Les jardiniers sont devenus plus respectueux de l’environnement et ont la volonté de laisser la nature autour d’eux intacte. Ce n’est pas le souci de rendement qui les pousse à cultiver leur balcon. C’est souvent aussi le désir d’apporter une petite pierre à l’édifice de villes plus vertes et plus agréables à vivre. Malgré toutes les différences linguistiques et culturelles, on retrouve dans la démarche de nombreux jardiniers urbains et balcon-jardiniers de nombreuses similitudes, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.

Jardiner au-delà des différences

Vouloir façonner son environnement, le rendre plus beau, semble être un besoin universel. Il y en a sans-doute bien d’autres. En tout cas, c’est en sautant le pas et en découvrant cet “étranger” que l’on peut en prendre conscience. Rien de mieux pour s’ouvrir l’esprit.

Le jardinage et en particulier le jardinage urbain demande de la créativité et de grandes capacités d’adaptation. En ville, les conditions sont loin d’être idéales : le climat est souvent rude sur les balcons et la place est rare.

Pour avoir du succès sur un balcon-jardin, il faut savoir s’adapter, choisir les bonnes plantes, les bonnes variétés. Inutile d’essayer de “plier la nature” à votre volonté, cela ne fonctionne pas. il en est de même si vous êtes expatrié. Apprenez les règles qui régissent la vie dans la société où vous vous installez. Apprenez la langue, car la langue forme la pensée. Après ces longues années passées à l’étranger, j’ai constaté que certaines expressions restaient intraduisibles. Les mots manquent tout simplement…

Mais jardiner en ville c’est également une forme nouvelle de jardinage qui évolue vite. Elle repose à parts égales sur des savoirs transmis de longue date, parfois oubliés et remis au goût du jour ainsi que sur des nouvelles idées et techniques. C’est l’occasion de remettre en question ses préjugés et aprioris. On jardine différemment sur un balcon-jardin que dans un “vrai” jardin, mais au bout du compte, cela reste du jardinage.  Et ce n’est pas parce que les choses sont différentes à l’étranger qu’elles sont forcément mauvaises… Ce n’est parce que votre voisin jardine différemment qu’il jardine moins bien. Vivre ailleurs nous force ainsi à plus de tolérance.

N’oubliez pas vos racines

Savoir s’adapter est absolument nécessaire. Mais cela ne veut pas dire que vous devez vous fondre dans le décor et oublier complètement vos racines. Vivre à l’étranger, c’est devenir riche de plusieurs langues, plusieurs systèmes de valeurs, plusieurs cultures. Alors pourquoi ne pas faire la synthèse des deux pour garder le meilleur ? Ouvrez-vous à de nouvelles pratiques, de nouvelles préférences et mélangez-les à vos systèmes de valeur. Faites des expériences, essayez de nouvelles plantes, de nouvelles techniques de jardinage, peut-être plus répandues dans le pays où vous vivez à présent. Mais n’oubliez-pas de faire découvrir à vos nouveaux amis cet aromate indispensable au plat préféré de votre enfance en le cultivant sur votre balcon-jardin.

Et vous, êtes-vous attiré par d’autres formes de jardinage ? Avez-vous observé d’autre pratiques dans d’autres régions, d’autres pays ? N’hésitez pas à partager vos observations dans les commentaires ci-dessous.

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1 thought on “Vivre et jardiner ailleurs

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